Intrigue N°2 — Sujet 1 — ft. tous les membres

[ Nous vous demandons de ne pas écrire des tartines. En effet, étant donné qu'il s'agit d'un sujet général, il est préférable d'écrire des petits posts et de faire avancer l'histoire, plutôt que des pavés qui pourraient décourager des lectures, et donc des réponses. Merci ]

C'était la fin de l'été. Déjà les feuilles se coloraient de jaune et déjà une brise plus fraîche soufflait. La nuit tombait un peu plus tôt que pendant la canicule qui avait précédé et un orage avait éclaté dans la nuit. On sentait l'automne s'approcher, une saison que certains aimaient et que d'autres détestaient. C'était le temps des récoltes et donc des mois sans famine... Mais les enfants allaient jouer moins souvent dehors et la tristesse se lisait chaque fin d'après-midi dans leurs yeux. Mais surtout... On sortait d'une Pleine Lune, et chacune d'elle faisait des dégâts. Celle-ci n'avait pas fait exception.

Le Prêtre Salomon avait découvert où se trouvait son pire ennemi : Shakespeare McCartney. Tous pensaient que celui-ci était sur ses terres, mais c'était faux, et lui le savait. C'était signe que Dieu était de son côté. Le Roi avait du envoyer ce jeunot dans ce petit village infesté par ces créatures de l'Enfer pour surveiller... Mais il avait faux. Ce garçon n'avait pas d'expérience et il était prétentieux ainsi que menteur. Non, celui que le Roi aurait du envoyer, c'est lui. Plus âgé mais pas trop, pleine force de l'âge ! Un vrai croyant en Dieu, une personne qui l'a accompagné depuis toujours... Un fidèle, et non un traître comme... L'Autre et son stupide valet.

Il arriva enfin à Daggerhorn, tranquillement installé dans sa calèche noire qui avait de dessinée sur ses portières ses armoiries. Il était le cadet d'une famille noble, il avait donc été destiné à une carrière de prêtre. Il avait choisi celle-ci, et il avait réussi jusqu'à devenir le meilleur. Les cheveux s'arrêtèrent sur la place du village, et son valet vint lui ouvrir la porte. Il descendit de façon noble devant les yeux étonnés des villageois. Jamais ils n'avaient vu autant de luxe, autant de valeur. Jamais ils n'avaient vu une personne avec autant de prestance et de noblesse. Les pieds à terre, il enleva ses gants noirs et scruta ceux qui les entouraient. Qu'avaient donc ces gens pour que les Loups se soient installés ici ?

[ Bon, je lance pour donner le rythme (: Et comme ça, vous verrez à peu près la taille demandée, c'est pas énorme =p ]

Taper, taper, taper. Ces mots résonnaient autant que mon marteau sur le métal ou que d'autres prénoms tels que « Destiny, Destiny, Destiny » et « April, April, April ». J'essayais de donner plus d'importance à ce que je faisais plutôt que ce à quoi je pourrais penser, mais rien à faire. Je revenais toujours au point de départ... Et c'était une horreur. Et heureusement que je travaillais ! Vous imaginez les jours de repos ? Je tombe quasiment en dépression ! Pas grand chose pour occuper une partie de mon esprit avec autre chose que tout ce qui s'était abattu en quelques semaines sur notre famille. Et quand je regardais autour de moi, j'avais l'impression que nous étions tous comme ça. Que le calme — et encore — était resté pendant trop longtemps et que la tempête se déferlait d'un seul coup. C'était un tsunami d'emmerdes, un troupeau de malchance en furie.

Je martelais donc ma barre à modeler pour en faire une épée, quand des roues et des sabots claquant sur les pavés de notre village attirèrent mon attention. Personne ici n'avait assez d'argent pour se payer un tel luxe d'une calèche et les messagers royaux venaient à dos de cheval dans la ville la plus proche, jamais ici. Intrigué, je posais tout et enlevais mon tablier ainsi que mes gants pour sortir voir ce qui se passait. Déjà les gens avaient commencé à s'attrouper autour de la voiture aux armoiries. Un noble ? Je me frayais un chemin jusqu'à être au premier rang. Qui était donc cet homme ?

Fin de journée rime avec fin de travail et surtout manger. C'était assez primaire je l'avoue mais c'était naturelle après un travail aussi harassant. Cependant, je n'avais nullement envie de faire la cuisine. Je vivais peut être seul, j'étais peut être habitué à manger seul mais parfois, je dis bien parfois, j'aimais aller à la taverne pour m'entretenir des dernières nouvelles et ne pas me faire prendre de court. Je rangeai rapidement mes outils de travail chez moi et me rafraichit le corps pour être une minimum présentable. J'étais peut être du genre asocial mais cela ne voulait pourtant pas dire que j'étais un animal, enfin, ça dépend de la période. Marchant tranquille dans la rue, les mains fourrés dans les poches, je regardais autour de moi les passants. Je sentais pesé sur moi leur regard remplit d'animosité. Ici, personne n'aimait la différence. Trop dangereusement attirante et terrifiante. Les mères poussaient leurs enfants sur le côté quand elles me voyaient et les pères me jetaient des regards noirs en posant leurs mains sur les épaules de leurs filles. Tout le monde se rappelait encore de mes frasques avant que je mette avec Destiny. Il est vrai que j'allais vraiment à droite, à gauche sans distinction de rang ou même de sexe et ici, les gens n'aiment pas ça car ce n'était pas chrétien et que je péchais par la luxure.

Mais je n'en avais pas grand-chose à faire de leur opinion et je vivais ma vie comme je l'entendais. Un bruit de calèche se fit alors entendre tandis que j'approchais de la place. Je fronçais les sourcils, mon sixième sens sentait les problèmes à plein. Je me mis dans l'ombre d'une maison mis fondant complétement pour n'être vue, d’autant plus qu’Harry était là. Regardant de mes yeux perçants le nouvel arrivant, je sus immédiatement qu'il devait avoir un rapport avec les red riding hood. Je n'avais plus qu'à attendre qu'il parle pour voir si mon intuition était la bonne ou pas. Mon estomac attendra.

[ Ah oui, petit détail oublié : aucun des RRH de Daggerhorn ne connaît le Père Salomon. Aucune exception. Les seuls anciens liens que ce perso a avec les membres sont : Shake et Chris. (: ]

Réveil dur ce matin, et pourtant, je n'avais jamais eu de difficulté à sortir du lit. J'avais traînassé comme depuis longtemps je ne l'avais pas fait, m'engueulant encore avec Lewis étant donné que nous partagions la même chambre. Mais qu'est-ce qu'il avait aussi, à s'énerver pour un rien ? No stress, man ! C'est pas comme si toutes les étoiles se mettaient tout d'un coup à tomber du ciel... J'avais juste un petit peu la tête dans le cul, ce n'était pas du tout son problème. Mais bon... Je crois que j'aurais réagi comme lui si les rôles avaient été inversé.

Je brossais un des chevaux aux écuries — geste que je trouve particulièrement reposant et qui rend extrêmement service à l'animal, donc il n'y a aucun point négatif à faire cela — quand soudain, j'entendis plusieurs personnes se précipiter sur la grande place, abandonnant tous leur tâche. Intrigué, car je suis très curieux voyez-vous, je laissais les chevaux en prenant garde à tout parfaitement verrouiller. Restant un peu en retrait, je restais à une place où je pouvais voir ce qui se passait grâce à un passage resté vide entre les têtes des villageois. Un Red ridding Hood ? Sa cape avait perdu de son rouge et s'était décolorée. Pourtant on nous les changeait régulièrement pour éviter d'avoir cette couleur pâle ? Je gardais cette information et observais. Avec une pareille arrivée, il ne pouvait y avoir qu'un discours surprenant.

[ Okay à mon tour Smile

]

Une journée comme les autres. Une simple et banale journée qui était passée comme les autres. L'auberge avait connu une fréquentation normale, et je n'étais pas vraiment débordée. J'avais un peu de temps pour me poser quelques instants. La lune rouge venait de se terminer, et elle avait encore fait des dégâts. Forcément. C'était incontrôlable, et plus on tentait d'échapper aux loups, pire c'était. J'avais toujours prôné une action efficace, pas forcément du fait des RRH, mais à présent, je ne savais plus quoi penser.

La journée touchait à sa fin et quelques clients restaient encore dans l'auberge, au bar, ou à boire tranquillement à leur porte. Le feu crépitait, et je m'en approchais pour le tisonner un petit peu. Je tendais mes mains pour me réchauffer légèrement, repensant aux dernières semaines. Mon frère m'avait un peu lâché, et honnêtement, ce n'était pas plus mal. La dernière fois qu'il avait voulu se mêler de mes affaires, ça c'était plutôt mal passé. Je préférais qu'il me laisse vivre ma vie comme je l'entendais, surtout qu'il m'avait déçue. Soudain, le porte s'ouvrit brusquement, et un homme apparut. Il s'écria, affolé: Venez voir! Dehors! Et il repartit presque aussitôt. Je fronçais les sourcils, me redressais et bientôt, j'attrapais une cape que j'enroulais autour de mes épaules, et je sortais.

Et il y avait foule. Un tas de gens était amassé, certains se mettaient sur la pointe des pieds pour mieux voir. Je fis quelques pas, cherchant quelques têtes familières. J'aperçus une calèche, tiré par deux chevaux noirs imposants. La calèche portait des bordures couleur or, bien dessinées et précises. J’entraperçus l'homme qui venait de descendre. Des cheveux grisonnants, un vêtement quelque peu pourpre, et une cape décolorée. Il avait l'air de toiser les villageois. Je l'observais, alors que des murmures se propageaient autour de moi.

Rien de très passionnant à Daggerhorn, du moins pour le moment. J'avais pris la décision d'aller trouver Seth Merwood afin de lui demander d'être mon formateur en médecine. Mon père s'amusait d'ailleurs à répéter que c'était une très bonne idée mais qu'il aurait préféré que je sois formé à Londres par un vrais professionnel. Sauf que voilà, nous étions à Daggerhorn et qu'il était déjà miraculeux que quelqu'un exerce, mais surtout qu'il ne soit pas vieux et con. Bonne résolution bien fixé dans mon esprit, je sortis donc de la maison familial en direction de l'habitation de mon futur enseignant, du moins je l'espérais. Je marchais depuis quelques minutes lorsque je remarquais un attroupement. Un poivrot mort sur le sol ? Non, je ne crois pas.

La foule était compacte et passer ne semblait pas chose acquise. Je montais donc sur les marches d'une maison, me retrouvant rapidement sur le toit, je remarquais un parfait étranger. Étranger, mais pas inoffensif. Pourquoi étais-je sur que sa présence n'allait pas être bénéfique pour moi ? Un pressentiment qui devra attendre qu'il s'exprime. Je n'aimais vraiment pas avoir l'impression que quelque chose allait me mettre des bâtons dans les roues. Et cet homme était concrètement la personnification de ce qui me dérangeait. Manque plus que savoir si je suis le seul avoir une sale impression. Cherchant alors quelqu'un du regard, je ne trouvais que Harry et quelques RRH figeaient dans la foules. Forçant les sourcils, j'aurais pourtant mit ma main à coupé que Jack était déjà la. Scrutant davantage le monde, je le vis dans l'ombre d'une maison et à en voir sa position, j'étais certain que lui aussi n'était pas franchement en confiance.

Passer une nuit à veiller une jument sur le point de pouliner, ne pas dormir et finir par penser que mon père c'était encore tromper. J'étais épuisé, à bout et elle ne semblait pas vouloir se décider. Cool. Je commençais doucement à la haïr de nous faire ainsi attendre, d'autant que le poulain serait celui d'un futur RRH, bref, une belle rentrer d'argent qui ne pourrait être que confirmer lorsque l'animal verra le jour. Et au vu de notre situation financière, il était plus qu'urgent qu'il pointe le bout de ses naseaux. Mais toujours pas. Je finis donc par m'endormir dans le foin. Bien trop épuisé pour pouvoir la veiller correctement. Je fus finalement réveiller par des hennissements et un père mécontent. Oui papa, je m'étais endormis, mais en même temps … Elle ne semblait pas vouloir se décider. Enfin si, mais quand je dormais. Elle avait pouliné je ne sais comment et ce sans me réveiller. Mais c'était fait. Mon père m'envoya donc chercher le futur propriétaire de la bête. Histoire qu'il valide l'achat.

Me dirigeant donc vers la ville je fus surprise de rencontrer un attroupement. Quels étaient les raisons ? Jouant donc de mes charmes je finis par arriver au premier rang, observant juste un homme richement vêtu. Ok, encore un emmerdeur qui débarquait de nul part. J'en avais déjà mon compte avec Chris. Aussi sexy qu'emmerdant. Croisant donc les bras sous ma poitrine, j'attendis qu'il parle pour que la foule se disperse. J'avais besoin de trouver le RRH, limite ce qui se passait, je m'en foutais pas mal, mais vu que tout le monde était bloqué sur lui, j'allais devoir attendre.

Une journée simple et qui ressemble à toute les autres journées. En gros, j'ai bûché dur littéralement sur un chêne presque quinquagénaire et autres. Mais celui-ci en particulier m'avait profondément épuisé! Bon sang! Je dois porter des bûches à l'auberge. Le boulot n'est pas encore terminé. Je pris mon outre et bus. En même temps je me demandais pourquoi les Callaway avaient besoin encore plus de bois. Un nouveau client? C'est une possibilité. Au fond c'est pas mon problème.

Je me lève de la souche. Je mis les morceaux de bois sur mon dos. La journée est presque terminé. Il faut que j'aille rapidement au village.

Je descends en dérapant doucement sur la pente entre la clairière et le village. Je passais les quelques rues qui me séparaient de l'auberge. J'entendis des voix. Qu'est-ce qui se passe là-bas? Je pose mon chargement dans un coin sombre et accoure aux bruits.

Une foule compacte. Ce que je déteste! Mais que ce passe-t-il? J'essaye de passer en vain. Des bruits de sabots et de roues. Une voiture vient d'arriver. Un étranger sûrement. Je décide de prendre un peu plus de hauteur quand j'aperçus Jack dans l'ombre. Il avait l'air méfiant. Ça sent la mauvaise nouvelle...

Je monte sur des caisses. L'homme de la voiture sortit. L'étranger était extrêmement bien vêtus. Un noble...Qu'est-ce qu'il fiche ici après une pleine lune? L'homme avait une stature respectable. Je ne sais comment mais je sens qu'il va nous faire de l'ombre. Sa prestance en disait gros. Je remarque que sa cape est d'un pourpre délavée. Un RRH? D'ailleurs il y en avait pas mal qui, comme les villageois, se demandaient pourquoi ce riche étranger dans notre minable village? Ma commande patientera. Qui est-il?

Une journée tout ce qu'il y a de plus normale venait de s'achever. Je n'avais rien fait de très épanouissant dans la journée, le ménage, mes taches domestiques et j'avais aidé quelques personnes. Une journée normale quoi. Il fallait que je passe à la forge pour demander un peu d'argent à Harry ou Robyn, enfin à celui qui serait là. Nous n'avions plus de viande ni de pain et sans ça, je ne pouvais pas préparer le repas du soir. J'étais donc sortie et m'étais rendue directement à la forge. En poussant la porte je me rendis compte qu'il n'y avait personne. Allons bon... Où étaient-ils ? Je ressortis pour les chercher lorsque je m'aperçus que le village entier était rassemblé sur la place. Curieuse, je m'approchai.

Je cherchai mes frères du regard et fini par repérer Harry, au premier rang. Je me faufilai entre les gens, jouant des pieds et des mains pour réussir à le rejoindre. Je m'arrêtai à côté de lui. Une calèche noire, bordée de dorures, s'était arrêtée. Deux sublimes chevaux noirs piaffaient en hochant la tête. Un homme en était descendu. Richement vêtu, il avait l'air hautain et sûr de lui. Encore un énergumène venu de Londres... Du coin de l'œil je vis Jack, en retrait, caché dans l'ombre d'une maison. Vu l'air méfiant qu'il avait, quelque chose se préparait. De toute façon, nous ne pouvions faire qu'attendre pour savoir ce qu'il se passait.

Je m'étais levé tôt, comme tous les jours, pour commencer à réobserver la vie de ce village. Cette vie hantée par la peur des loups, par la peur qu'il y ait un jour un dérèglement naturel. C'était le contenu de mon précédent rapport que Chris et moi-même avions réussi à envoyer sans problèmes. Cela commençait à faire un moment que nous étions là, et nous n'avions toujours pas reçu de nouveaux ordres du Roi. Je quittais la taverne après y avoir pris une chope d'hydromel en compagnie de mon très cher collègue. Prétextant une discussion entre amis, mais scrutant tout autour en réalité. Il ne faisait pas trop mauvais, c'était plutôt bien pour cette période de l'année en Grande Bretagne. Il y avait de quoi être content. Et je l'étais.

Jusqu'à ce que je reconnaisse ces armoiries.
Je m'arrêtais net avant de me faufiler très discrètement parmi les villageois, me fondant dans la masse pour éviter qu'il ne me voit tout de suite. Il était bon RRH (ancien RRH pardonnez-moi), mais sa vue laissait à désirer comparé à la mienne. Décidément, la malchance avait finalement frappé en ce jour de beau temps. Un de mes pires ennemis avait réussi à me retrouver dans ce minuscule village tout paumé. Il allait péter notre couverture. Ça y est. Nous étions cuits. Il ne savait pas que nous étions des espions, il ne savait pas que j'étais le fils du Roi...

Mais il allait annoncer à tout le monde que je faisais parti de la cour Royale, et qu'officiellement, Chris était mon “ valet ”.

[ La taille de ce message est exceptionnelle Ce message a pour but de poser les sentiments du Père Salomon envers les villageois et d'avancer dans l'intrigue. Merci. ]

Il les regardait tous. Pauvres villageois qui accouraient de toutes parts pour le voir, lui, le célèbre Père Salomon, celui qui les délivrerait de cette terrible malédiction. Pauvres bourgs. Leurs visages exprimaient la curiosité pour certains, pour d'autres c'était de la méfiance. Certains, même, de l'hostilité. Il se retint de soupirer en secouant la tête. Voilà comment un village accueillait son sauveur ? Pitoyable. Ils ne méritaient même pas son aide. Mais voilà qu'il était obligé de rester dans ce village perdu s'il voulait accomplir sa Vengeance, une véritable perte de temps franchement...

Il attendit poliment que la plus grosse majorité du village se soit rassemblée sur la place, non, aux portes du village, avant de se présenter. Il attendait patiemment, silencieusement, l'air neutre. En apparence. Il n'aimait pas attendre, il n'aimait pas perdre son temps, il n'aimait pas se rendre utile pour des gens qui ne le méritaient pas. Il les dévisageait. Sur son visage on lisait tout le professionnalisme avec lequel il exerçait son art ; dans ses yeux, la détermination ; dans son attitude, sa façon de se tenir droit devant eux, les bras croisés, l'arrogance ; dans son port de tête hautain, le mépris que ces simples villageois lui inspiraient ; dans le léger battement de son pied droit, son impatience.

Et il en eut marre d'attendre. Si ces simples paysans, artisans, ces roturiers n'étaient pas fichus d'être présents à temps, c'était leur affaire, pas la sienne. En plus, ils chuchotaient, murmuraient entre eux. Ça avait le don de l'agacer, de l'exacerber, de le mettre hors de lui. Dans un grand geste théâtral, dans un grand mouvement rouge de cape, il ferma la porte de son carrosse et s'approcha de la foule, demandant en même temps le silence. les voilà tous pendus à ses lèvres, attendant ses mots. Il aimait avoir ce pouvoir de fascination sur les gens, ça le grandissait. Il commença à parler, d'un ton solennel.

« Je suis le Père Salomon, envoyé ici par Notre Seigneur pour vous délivrer de cette lourde malédiction que sont les Loups-Garous. Créatures envoyées par le Diable, elles sont sur Terre, parmi nous, pour nous tenter et nous faire succomber dans un monde de pêchés. Ceux que vous appelez Prêtres, ces Red Riding Hood, ne sont que des incompétents. Ils n'ont pas apprit leur... art auprès de Notre Père, ils l'ont apprit auprès de gens ordinaires comme vous. — Il marqua une pause, s'humecta les lèvres, balaya l'assemblée du regard. — N'ayez plus rien à craindre de ces Loups, je suis là. »

J'acourai aux portes du village où pratiquement tout le monde était rassemblé juste avant que le père Salomon ne prenne la parole. J'arrivai juste à temps pour apprendre l'identité du grand inconnu en cape rouge qui se tenait au milieu de cette assemblée. D'allure d'homme dans la force de l'âge, expérimenté et imposant le respect, il prit la parole d'un ton solennel. J'écoutai attentivement, pour une fois que cela m'arrivait. Le Père Salomon donc, se présentait comme la bénédiction qui sauverait Daggerhorn des Loups-Garous. Je ne savais pas si nous devions le croire, au risque d'être déçus, mais je plaçai immédiatement en ce personnage un haut espoir. Oui, l'espoir fait vivre. Je voulais croire que ce serait lui qui, enfin, éliminerait la menace qui avait toujours plané au dessus de moi, minant ma vie, m'incitant à vivre celle-ci dans la peur.

La seule chose qui me gêna fut qu'il critiquât les autres Red Riding Hood. A son habit j'avais cru que c'était l'un d'entre eux, mais il les traitait d'incapables. A sa voix on sentait qu'il se pensait au dessus d'eux. Et bien supérieur à nous villageois, aussi. Surement que son égo était surdimensionné, mais je ne pouvais m'empêcher d'estimer quelqu'un prononçant quelque chose de tant attendu, si rassurant:

- N'ayez plus rien à craindre de ces Loups, je suis là.

Discrètement, toujours à semi caché dans l'ombre de la maison, je scrutais les alentour essayant de voir si je reconnaissais quelques visages connus. Je vis du coin de l'oeil Destiny se faufiler dans la foule rejoindre son frère aîné puis levant la tête, je vis Sixte sur le toit d'une maison en retrait. N'ayant pas très envie de rester dans la rue et surtout si près de la place et de cet hurluberluen cape râpé, je recula discrètement. Marchant d'un pas rapide dans les rues de derrière vide, je grimpais sur la façade arrière d'une des maisons et me posa silencieusement et surtout sans être vu de quiconque à côté de Sixte. Posant mon bras sur son épaule, je fourrais mon autre main dans ma poche, mon regard fixé sur l'étranger qui sans aucun doute aller prendre la parole. Mais une chose était certaine, ce type était quelqu'un de tout à fait arrogant. Cela se voyait clairement dans son attitude méprisante à l'égard des villageois, même s'ils le mériteraient pour la plupart.

Quoiqu'il en soit, j'écoutais son petit discours que je trouvai parfaitement ridicule à parler de cette manière si pompeuse. Il parlait un peu trop de Dieu et de l'enfer à mon goût et je n'aimais pas sa façon de parler ainsi de l'éradication total des loups. Je grognais lourdement à la fin de sa phrase pensant qu'il pouvait toujours rêver car je ne me laisserai pas avoir comme ça par le premier vieux con du coin. Tournant mon visage vers Sixte, je lui dit à voix bas.

"j'aime pas ce type... je sens qu'il va poser problème. Tu en penses quoi, toi ? "

[Je vous jure que j'essaye de faire court. Mais... là c'est trop court @_@ Désolée >.<]

L'agitation qui régnait aux alentours des portes de la ville mit du temps à m'arracher à mon travail. Je nettoyais mon épée, inlassablement, en un geste répétitif qui me calmait et me détendait. Cela m'avait toujours fait du bien et je ne comptais pas me priver de ce plaisir joignant l'utile à l'agréable pour de simples ragots de villages.

Cependant, lorsque le bruit devint si insupportable que je ne pus continuer me concentrer et les ignorer si longtemps, je rejetai mon arme, rageur, et quittai l'enceinte d'entraînement des Red Riding Hood pour aller voir ce qu'il en était une bonne fois pour toute. La foule était déjà compacte et je ne cherchai pas vraiment à me rapprocher, devinant cependant que les rumeurs qui couraient déjà dans la foule concernaient un tout nouvel arrivant. En carrosse... Ben voyons, monsieur ne se refusait rien. Même le noble qui logeait légèrement à l'écart du village était rentré tout simplement à cheval lorsqu'il avait ramené sa jeune épouse. Un sifflement dédaigneux passa mes lèvres, qui se mua en surprise lorsque je l'entendis prendre la parole.

AH AH AH ! La bonne blague ! Non, décidément, il était hilarant. Et à vrai dire, ce fut la seule réponse qu'il obtint au premier abord. Mon rire résonnant contre les murs gardant le village. Je me frayai un chemin jusqu'au premier rang et les gens me laissèrent passer, ma cape rouge et mon statut m'assurant un chemin à travers la foule.

- Avez-vous donc rencontré Notre Seigneur en personne pour vous targuer d'être meilleur que nous ? Daggerhorn peut donc se vanter d'accueillir un nouveau Messie !

Je marquai une pause.

- Ou un illuminé, au choix.

Sa prétention ne me faisait pas peur. Les résultats des Red Riding Hood s'étaient sensiblement améliorés depuis que j'étais là. Je n'avais pas besoin de lui. J'accueillais les Red Riding Hood dont Londres me prévenait de l'arrivée. Je n'avais que faire des services d'un tel égocentrique - d'autant d'ailleurs qu'il était évident qu'il ne comptait pas se mettre à mon service.

- J'ai toujours été prévenu de l'arrivée d'un nouveau prêtre à accueillir parmi nos effectifs. Je suis navré, mais Dieu ne m'a averti en aucune manière de votre participation à notre cause. Ceci étant dit, je me ferai un plaisir de mettre deux de mes soldats à votre disposition pour vous raccompagner jusqu'à la ville.

Je sentis quelqu'un s'approcher de moi alors que le nouvel arrivant tenté d'imposer sa présence par de simple regard. Je n'aimais vraiment pas. Tournant alors la tête, je reconnus Jack. C'est alors que cet imbécile en cape rouge décida d'entamer son discours. Il ne m'aura fallu qu'un mot pour comprendre qu'il ne serait pas facile à détourner. Fronçant un peu plus les sourcils à chacune de ses phrases. Je finis par étouffer un grognement quand il parla d'exécution. Plus rien à craindre ? Il croyait réellement en dieu pour penser pouvoir nous exterminer. Nous étions une évolution, maudit par la lune et fier de l'être. Du moins pour Jack et moi.

Je sentis alors le regard de Jack sur moi et je tournais à mon tour mon visage vers lui. Il n'aimait pas ce type et il semblait croire comme moi qu'il allait poser des problèmes. Mais vraiment. Il me demanda alors mon avis. Mon regard c'était fait sombre, grave, agressif. Je n'aimais vraiment pas ce qui se dessinait sous mes yeux. Cet affabulateur noyé de rouge ne m'inspirait aucune confiance. Murmurant alors, je répondais à Jack.

— Je ne le sens vraiment pas, c'est … viscérale

Tournant alors le visage vers notre nouveau compagnon de jeu, je sifflais à l'intention de Jack.

— … Je pense qu'il va falloir l'éliminer … On ne peut pas le laisser faire, il semble bien plus dangereux qu'Erwan et sa bande …

Il ne fallut pas longtemps à l'inconnu riche pour finalement commencer à parler, après avoir fermé les portes de son véhicule. Je n'étais pas spécialement grande donc je ne le voyais pas vraiment, mais le seul son de sa voix suffisait pour que je l'imagine sa posture. Parfois, lorsque les gens devant moi bougeaient, je le voyais. Il avait cet air supérieur de quelqu'un qui savait quelque chose que nous ignorions. Et de quelqu'un qui en profitait. Je l'écoutai parler. Il se présenta d'abord, le Père Salomon. Et comme beaucoup de voyageurs venant à Daggerhorn, il venait pour une seule chose: les loup-garous. Ce qui me fit doucement sourire, c'est qu'il traitait les RRH comme des moins que rien. Je n'avais jamais été ni avec eux, ni avec les loups, mais j'avais la curieuse impression que son arrivée ne changerait rien à la donne et que cette malédiction continuerait.

Je tournai un instant la tête pour observer les villageois autour de moi. Certains buvaient littéralement ses paroles, ils avaient le regard fixe, même s'ils ne le voyaient pas. D'autres se parlaient à voix basse, les sourcils froncés, en le montrant d'un geste vague. D'autre restaient silencieux, l'observant avec suspicion. Et puis, il y avait ceux qui le regardaient avec un mélange de colère et de peur. Son discours faisait bien des effets en tout cas. Pour ma part, j'étais tentée de le croire, de penser qu'il nous apporterait quelque chose en plus. Mais pour moi, il n'était pas différent des RRH, et il n'aurait pas plus aidé mon père qu'ils ne l'avaient fait. Et je n'étais pas prête à lui faire confiance.

C'était la fin de l'après-midi. La journée avait été normale. Toujours autant de monde à la taverne, toujours autant de boissons à servir et bien sûr toujours les habitués. J'étais un peu fatiguée mais me motivais en me disant que j'avais bientôt fini. Je me demandais d'ailleurs comment je faisais pour tenir encore debout après quelques nuits blanches. Ces derniers temps, je n'arrive pas à dormir alors je trouve quelque chose à faire et la nuit passe finalement assez vite.
Bref, j'étais donc en train de nettoyer le comptoir quand je vis à travers la vitre arriver une calèche noire. Les clients se précipitèrent dehors pour voir qui se trouvait dans cette fameuse calèche. Un peu forcée, je décidais de suivre le mouvement. Le temps que je sorte, une foule encerclait déjà le véhicule.
Instinctivement, je cherchais du regard des gens de ma connaissance. J'aperçus Peter sur des caisses en retrait. Je mourais d'envie de le rejoindre mais ce n'était pas le bon moment. Personne ne savait pour nous et c'était très bien ainsi. Alors je m'enfonçais dans la foule et m'approchais pour mieux voir ce qui se passait.
Un étranger avec une cape pourpre sortit de la calèche. Il avait l'air au-dessus de nous. Mais ces paroles confirmèrent mes pensées. Ainsi, il venait d'arriver et il affirmait pouvoir éliminer les loups comme ça à lui tout seul. Ce n'était donc pas qu'un simple noble arrogant mais c'était aussi un prêtre. Père Salomon était son nom. Et où se trouve la reine de Saba ? Je n'aimais pas ce type. Tout me répugnait chez lui, son apparence, sa prétention, sa façon de penser. Ce que je voulais c'est qu'il reparte immédiatement mais lui n'y semblait pas décidé. D'autant plus que certains avaient apprécié ses paroles et étaient littéralement bouche bée. Pffff.

Alors que Sixte répondait à ma question, partageant les même sentiments que moi à propos de ce nouveau venu et me disant qu'il voudrait surement mieux de l'éliminer rapidement, Je vis Erwan fendre de la foule des villageois de sa démarche conquérante. Je fronçais légèrement les sourcils sentant quand vu de son attitude il allait provoquer ce fameux Salomon. Cela promet d'être intéressant. Je ne répondis donc pas tout de suite à Sixte préférant attendre que le fiancé de Zoey prenne la parole avant d'émettre mon opinion personnelle. Et j'ai bien fait. Un rictus amusé vient ourler mes lèvres à l'entendre ainsi parler au "Père". Sa manière de le dénigrer ainsi avec des mots bien choisi qui devait toucher profondément l'égo surdimensionné de ce présumé exterminateur de loup, me plaisait beaucoup me faisant comprendre en partie pourquoi Zoey l'avait choisit lui. Après qu'il eut terminé de parler, toisant fiérement le Salomon, je me tourna à demi vers Sixte lui chuchotant:

" Si Erwan ne l'apprécie pas, il est certain qu'il ne restera pas longtemps. Il ne devrait donc pas faire énormement de dégats au sein des loups. Je ne crois donc pas qu'il soit nécessaire de le tuer tout de suite. Cependant, attendons de voir ses réels capacités puis ensuite nous aviserons. "

J'aimais vraiment Erwan, il était de bon conseil, mais surtout il était présent. Le seul problème était qu'il semblait me soupçonner et ce n'était pas forcement bon pour moi. En tout cas, son discours eut le don de me faire sourire. Vraiment. Il cessa alors de parler et Jack répondit enfin à ce que j'avais dit un peu plus tôt. Selon lui, le nouvel arrivant ne resterait pas très longtemps chez nous. Erwan allait sans aucun doute le dégager. Il proposa donc que nous attendions de voir ce qui se passe pour ensuite aviser. J'approuvais d'un signe de la tête avant d'ajouter.

— J'essayerais d'avoir leurs avis ce soir ou je ne sais quand. Erwan passe assez souvent à la maison, avec un peu de chance, j'aurais plus d'information.

Il ne fallait pas se faire chopper. Enfin, il ne fallait pas qu'Erwan voit que j'étais véritablement intéressé par le sujet. Sinon je risquais fort d'avoir des problèmes. Comme les RRH au cul.

— Quoi qu'il en soit, attendons. Si ça ce trouve c'est juste un bon comédien …

L'étranger ouvrit la bouche et parla. Son ton était solennel, presque religieux. Il se présenta comme étant le Père Salomon, envoyé par le Seigneur pour nous sauver. Ah oui ? Tu vas pouvoir nous "débarrasser" de tous les Loups à toi tout seul ? J'aimerais voir ça tiens ! Les RRH n'y arrivent déjà pas alors qu'ils sont nombreux, toi tu vas te faire éliminer dès le premier round ! Il continua son petit monologue, se posant comme élève de Dieu, l'exécuteur de Ses ordres et comme la représentation de Sa Main Divine. Tout ça c'était des conneries. Et puis il nous annonça que les RRH ne savaient pas travailler, ils ne savaient pas faire. J'étais d'accord sur ce point même si je n'appréciai pas le type qui le disait. Mais ce qui me stupéfia et m'agaça au plus haut point, ce fut le dénigrement avec lequel il nous traitait. Nous n'étions que des gens ordinaires, mais beaucoup ici étaient plus courageux et plus habiles que lui !

J'étais tellement outrée que je n'entendis pas la fin de sa tirade. Je voulus m'en aller lui dire la vérité en face, le remettre à sa place, mais Harry me retint par le bras d'une poigne autoritaire. Ce n'était pas à moi de faire ça, ce n'était pas ma place. J'étais une fille. Un RRH s'avança alors et envoya l'étranger paître. Bonne idée. Moi je fulminai toujours de rage, sur place, fusillant le "Père" Salomon du regard, prête à exploser s'il lui prenait encore une fois l'idée de nous traiter comme la boue sous les semelles de ses bottes.

Regardant autour de moi, je cherchais Chris sans l'apercevoir cependant. Où était-il ? Dites-moi qu'il n'était pas en train de dormir je ne sais où dans le village... Parce-qu'il en était très largement capable. Je soupirais, exaspéré. Que faisait ce Salomon à Daggerhorn ? Notre relation n'était pas des plus joyeuses et s'il était dans ce village, ce n'était sûrement pas à cause des loups. Enfin un peu, mais pas totalement. Je savais qu'il avait cette rage contre moi, contre le fait que j'ai pris sa place de conseiller du roi. Mais était-ce ma faute si j'étais le fils de celui-ci ? Si j'avais eu à choisir mes parents, je ne pense pas que j'aurais choisi ce père. Un RRH, le chef d'entre eux il me semble, s'avança un peu plus afin de répondre à la tirade de Salomon. Il n'avait pas changé, il était toujours aussi imbu de lui-même. Il y a certains jours, comme aujourd'hui, où je me demande comment il a pu accéder à la place de conseiller... Sur le visage des villageois se lisaient plusieurs ressentis. Certains semblaient satisfaits de l'arrivée d'un homme sûr de lui, qui avait l'air d'avoir de l'expérience quand d'autres avaient l'air de vouloir le tuer d'un regard. Vous connaissez mon ressenti... Je préférais la deuxième catégorie de villageois. Je finis par m'avancer légèrement à mon tour, restant cependant dans la masse d'habitants. Je voulais juste qu'il me voit, qu'il me remarque. Il était dans son intérêt de ne pas dévoiler à tout le monde que nous nous connaissions, dés maintenant... La guerre allait d'abord être cachée à tous ces gens... Le plus rusé allait gagner.

Le discours de cet homme était plus qu'honteux. Je gardais un semi sourire ironique, n'aimant pas trop rester sérieux trop longtemps. Mais j'étais... Outré. Comment pouvait-il avancer des propos aussi orgueilleux ? Connaissait-il la situation de ce village ? Surtout que depuis quelques temps, elle s'arrangeait. Nous attrapions plus de loups, même si parfois, il arrivait qu'un d'entre eux s'enfuit. Nous avions adopté une nouvelle façon de faire : on voulait des noms. Et pour avoir des noms, il nous fallait des loups vivants.

Erwan fut le seul à contrer ce soit disant envoyé de Dieu — déjà là, on allait pas s'entendre... Évidemment, nous étions tous, nous RRH, derrière celui qui nous guidait à Daggerhorn. Je ne pouvais pas vraiment accepter qu'un homme se prenant pour un Prophète vienne voler la place de celui que beaucoup d'entre nous respectons. Enfin, moi je le respecte : Erwan est l'un des meilleurs, c'est ce qui l'a mené là où il est aujourd'hui.

D'ailleurs, je m'avançais pour me retrouver à sa droite, légèrement en retrait. Le Père Salomon regardait en sa direction l'air mécontent. Tu m'étonnes... Je chuchotais avec une pointe d'amusement dans la voix « De toute façon, s'il chasse de la même manière qu'il parle, il ne tiendra pas la première Lune »

L'homme commença à parler, et même si j'étais contre les loups, il ne m'inspira que du dégoût. Il avait la même cape que les RRH, quoique plus décolorée, mais il les traitait comme des moins que rien. Je ne le comprenais... comment pouvait-il dire des choses aussi basses sur ses confrères présents dans l'assemblée ? Excusez-moi l'expression, mais cet homme pétait plus haut que son cul. Et c'était insupportable. Le village allait-il pouvoir tolérer la présence d'un tel individu ? Personnellement... S'il me demandait une arme... qu'il ne compte pas sur moi pour la lui fournir. qu'il utilise sa calèche pour aller dans la ville la plus proche.

Je sentis du mouvement à côté de moi, il s'agissait de Destiny. Elle écoutait, sourcils froncés, le discours du Père Salomon. Je savais qu'elle n'était pas pour les chasseurs de loups. Elle ne pouvait qu'être contre cet homme. Elle voulut d'ailleurs intervenir après le RRH qui prit la parole de façon très bien placée, mais je l'en empêchais. Si elle y allait, elle allait se condamner. On allait la prendre pour une louve... Or elle ne l'était pas, c'était certain (elle allait à l'église avec moi). Elle se contenta donc de rester, et moi, je gardais un oeil sur elle. D'ailleurs, je me demandais où était Robyn. De toute façon, il était grand. Qu'il fasse ce qu'il veule.

Il régnait une agitation nouvelle dans le village. Je m'étais éloigné dans les champs, prenant un peu de distance. Erika me plongeait dans une perplexité inédite et je ne savais absolument pas comment me comporter avec elle, ni ce qu'elle était pour moi. Nous n'étions pas un couple, je n'avais jamais été en couple pour être franc. Pourquoi faire quand j'épouserais une riche jeune fille ? Et pourquoi est-ce que cette perspective me semblait de plus en plus difficile à envisager?

Au final, rester seul avec moi-même n'était pas la meilleure chose que je puisse faire. Cela amenait plus de questions que de réponses et j'étais toujours aussi perdu. Destiny m'avait proposé son aide, mais j'avais des réticences à lui confier mes déboires sentimentaux. Aucun doute qu'elle, elle encouragerait une relation basée sur... de l'amour? Harry et moi ne la condamnions-nous pas pour la même chose? C'était ironique.

Je m'approchai de la foule, captant les paroles d'un inconnu, arrivé en grandes pompes si je me fiais à son carrosse élégant et à ses chevaux hors de prix. J'eus un rictus en l'entendant se poser en héros et envoyé de Dieu. Il suintait l'arrogance. Si cet homme s'amusait à prendre de haut les Villageois, il allait vite se faire virer. Mais ce ne furent pas les villageois qui s'opposèrent à lui, mais bel et bien les RRH qu'il décriait haut et fort.

J'avisai alors Harry et Destiny, réunis dans l'adversité et je me glissai jusqu'à eux, encadrant Destiny de l'autre côté. Je savais qu'elle appréciait les loups, cette petite sotte, j'espérais qu'elle ne ferait rien d'inconsidéré. Je posai une main sur son épaule et esquissai un petit sourire en coin, avant de lever la tête et d'observer notre... sauveur?

Tandis que Sixte hochait la tête en guise de réponse à ma proposition de regarder avant d'agir, je regardais la foule. Plus précisément, je regardais pour détailler sa réaction au discours du soi-disant sauveur de l'humanité. Elle fulminait prête à en découdre, sa bouche formant cette petite moue pincé si particulière qu'elle arborait quand quelque chose la contrariait, ses sourcils fins se fronçant de mécontentement et cela m'amusait, la trouvant adorable comme ça. Je devais avoir une drôle de conception du mot adorable... Quoiqu'il en soit, je reposa mon attention sur Sixte quand il me dit qu'il irait parler à Erwan pour avoir plus d'information. J'hochais la tête sachant qu'il était surement l'homme le mieux placé pour avoir un jugement clair sur cette situation. Je le connaissais pas personnellement, juste de réputation. Je l'avais juste croisais dans la rue ou à la taverne et sentit son odeur sur Zoey quand j'étais venu la voir et si voyait Zoey, cela ne pouvait qu'être "quelqu'un de bien". Sixte rajouta alors qu'il fallait attendre, répétant ce que j'avais dis et émettant l'hypothése qu'il n'était peut être qu'un bon comédien. Je grognais sourdement secouant doucement la tête de gauche à droite d'un air sombre, mes yeux noirs fixé sur la silhouette de Père Salomon.

"Un bon comédien... sais-tu ce qu'est réellement un bon comédien ? C'est quelqu'un qui joue tellement bien son rôle qu'il en devient réel et s'il devient le prètre exterminateur qu'il prétend être.... Tu sais tout aussi bien que moi ce que cela signifie...."

Penchant la tête sur le côté et remontant mon regard dans celui de Sixte, je le regardais gravement. Je n'étais pas d'humeur. J'avais un très mauvais pressentiment sur ce prètre, encore plus vivace que le malaise que j'avais ressentit en parlant avec Lewis.

" Ce type annonce la fin d'une époque et le début d'une autre. Je ne peux pas te dire de quoi elle serait faite mais il y aurait des changements, des grands changements, je le sens"

Et ses changements que je sentais venir ne m'avait pas l'air positif, loin de là.